1 avis
Une sortie honorable : récit / Eric Vuillard
Livre
Edité par Actes Sud. Arles (Bouches-du-Rhône) - 2022
Les Vietnamiens remportent la guerre face aux deux plus grandes puissances mondiales. Une mise en récit accablante de réalité historique.
Autres documents dans la collection «Un Endroit où aller»
Se procurer le document
Autre format
Issus de la même oeuvre
Avis
Avis des professionnels
-
Chronique d'un désastre annoncé
Sur la photo de couverture, un couple, élégant, chic. Ce sont Jacqueline et Christian Marie Ferdinand La Croix de Castries, en septembre 1954, quelques mois avant la déroute de Diên Bien Phu, des troupes françaises, sous le commandement du même général La Croix de Castries. Le roman décrit les dernières heures de la guerre d'Indochine, dont on connait l'issue, ses troupes piégées dans la cuvette de Diên Biên Phu, l’effondrement et l’effroi des soldats qui réalisent, en voyant l’armée vietnamienne déferler, que « c’est un immense fantôme qui se rue sur eux ». Pour rappel, la guerre d'Indochine, de 1946 à 1954, a opposé l'armée française aux troupes du mouvement Viêt Minh, et a fait 4 millions de morts, les trois quarts côté vietnamien. En 1954, par les accords de Genève, la France reconnaît l'indépendance des pays indochinois. Le roman s’ouvre avec la visite de trois inspecteurs du travail, en 1928, dans un village près de Saigon, dans une plantation Michelin, qui fait suite à une vague de suicides. Les ouvriers chargés de récolter le latex dans des forêts sont traités comme des esclaves, de façon inhumaine, et sont torturés s'ils cherchent à fuir. L’auteur dénonce le colonialisme, la vanité des décideurs, l'avidité des puissants. Il nous transporte ici et là, dans l’enfer de la guerre, sur place, ou à Paris, sur les bancs de l’Assemblée nationale, et son ambiance feutrée, où toute évocation de négociation avec les insurgés suscite l’indignation des députés, en réunions des instances dirigeantes de la Banque d’Indochine. L’écrivain, poète et écrivain justicier, fustige la bourgeoisie française aux manettes, l’impasse colonial et, derrière tout ça, la domination permanente et invisible de l’argent.
Anne - Le 24 mars 2023 à 16:40